Homélie pour la fête de l’Épiphanie 2022.
Article mis en ligne le 15 janvier 2022

par Thierry Piet

Que cherchaient-ils ces trois mages venus d’Orient ? Comment se fait-il qu’ils soient venus jusqu’à Bethléem pour adorer l’enfant Jésus ?

Ce sont des questions que nous pouvons nous poser et que nous posons parfois quand nous voyons telle ou telle personne qui n’est pas d’ici et venue d’ailleurs, telle ou telle personne que nous ne croyons pas de notre bord… qui visite l’église, laisse un mot dans le cahier de prière, laisse un bouquet de fleurs, vient voir la crèche, participe à la messe du dimanche seule dans un coin… quel est cet étranger, cette personne étrange ?

Nous sommes bien installés dans notre foi même si on dit qu’elle nous met en route, qu’elle bouscule et nous dérange… mais ils sont nombreux également ceux qui sont en recherche, ceux qui se mettent en route, ceux qui viennent en curieux, ceux qui n’osent pas frappés à la porte de nos églises.
Je repense à ce garçon du collège qui le jour de la célébration de Noël juste avant les vacances scolaires, assis au premier rang, m’a posé plein de question sur le vitrail, sur les anges… Il était plein de curiosité, ça devait tourner dans sa tête, et il a profité de la célébration où tout le collège était présent pour exprimer ce que j’appelle volontiers une quête spirituelle.

André Malraux, écrivain et homme politique, avait dit : « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Il le sera dans la mesure où l’homme ne sera pas son propre dieu et se reconnaitra comme frère et sœur.
N’ayons pas peur de la diversité des démarches religieuses que les mages nous rappellent en ce jour. N’ayons pas peur des questions de nos contemporains, à commencer par celles de nos proches parfois déroutantes. Sachons prendre comme une richesse les différents visages de Dieu sur terre. L’universalité ne signifie pas l’uniformité, et la foi de l’autre est tout aussi respectable que la mienne. C’est dans l’échange et le dialogue que nous avancerons les uns et les autres, les uns vers les autres aussi. Chacun est une étoile pour un autre, un témoin de la route.

Écoutons encore ce que dit le pape François dans Fratelli tutti : « Les différentes religions, par leur valorisation de chaque personne humaine comme créature appelée à être fils et fille de Dieu, offrent une contribution précieuse à la construction de la fraternité et pour la défense de la justice dans la société. Le dialogue entre personnes de religions différentes ne se réalise pas par simple diplomatie, amabilité ou tolérance. L’objectif du dialogue est d’établir l’amitié, la paix, l’harmonie et de partager des valeurs ainsi que des expériences morales et spirituelles dans un esprit de vérité et d’amour. » n°271

Jésus est venu à notre rencontre. Les mages sont venus le rencontrer. Double démarche donc !
Osons la rencontre, osons le dialogue. Dans un monde de plus en plus déchristianisé, nous pouvons vite nous trouver seuls. L’expérience d’échanges interreligieux ou plus simplement œcuménique est intéressante à ce sujet.
Il va y avoir bientôt comme tous les ans une semaine de prière pour l’unité des chrétiens, je vous invite à lite attentivement le dernier bulletin de doyenné.
N’oublions pas non plus que nous sommes invités à vivre une démarche synodale, pour préparer le synode romain qui aura lieu en octobre 2023, dans nos équipes existantes ou dans une équipe que nous créerons dans nos quartiers et villages ou avec des amis en recherche de sens à leur vie. Vivons tous ces partages dans le respect de chacun et dans la confiance. Nous n’avons que quatre mois pour nous y mettre.

Les mages ont fait des kilomètres pour voir et adorer Jésus, pour entrer en dialogue avec le Verbe. Et nous, quels déplacement allons-nous faire pour adorer le Seigneur et le servir dans nos frères en commençant par échanger, dialoguer avec eux ?

Que cette eucharistie nous nourrisse pour partager avec nos frères ce que nos yeux contemplent du Verbe de Vie. Que la rencontre de Jésus soit la source de toute rencontre avec nos frères et sœurs en humanité, et pas seulement ceux et celles de nos églises.

Thierry Piet, curé